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Dans une PME, lorsque l’entreprise besoin de contracter un prêt bancaire pour investir ou pour financer sa croissance, son dirigeant va spontanément voir la ou les banques dans lesquelles l’entreprise a un compte.
Le problème est qu’en général, si ce n’est systématiquement,
la banque n’accordera un prêt qu’à condition que le dirigeant de l’entreprise
se porte caution à titre personnel. Or ce système est non seulement calamiteux
car il crée de fait un doute dans la relation existant entre l’entreprise et sa
banque mais en plus il est aberrant et ce pour plusieurs raisons.
Un problème de solvabilité
Tout d’abord, la banque va demander que le dirigeant se
porte caution sans vraiment regarder la solvabilité de ce dernier. En effet,
dans le meilleur des cas, il va être demandé au dirigeant de remplir une petite
fiche nommée Fiche Neiertz du nom de la députée qui en 1989 en a été à l’initiative.
Cette fiche est censée éviter le surendettement des personnes physiques et est
requise à chaque fois qu’un prêt est demandé. Mais en l’espèce le prêt demandé
est pour une personne morale, pas physique. Donc la banque va dévoyer le but de
cette fiche pour savoir si le dirigeant sera capable, le cas échéant, de payer
la caution.
Le problème est que si plusieurs prêts sont contractés par l’entreprise,
il va arriver un moment où de toute façon son dirigeant ne sera plus solvable. Donc
être caution n’a plus de sens.
Par ailleurs, même si on comprend bien que cette fiche serve
d’assurance à la banque, elle pose quand même deux problèmes importants :
- à ma connaissance la banque ne vérifie jamais la véracité des informations indiquées sur la fiche
- les éléments indiqués sont vrais à un instant donné mais peuvent varier. Ainsi, vous pouvez déclarer un bien immobilier de 300 000 € mais si vous le vendez un an après pour investir cet argent dans votre entreprise, ce montant disparaît de vos actifs potentiels …
Une pression supplémentaire sur le dirigeant
Ensuite, le fait que le dirigeant soit caution lui ajoute
une pression dont il se serait bien passé. D’autant que certaines banques n’hésitent
pas, au mépris de la loi, d’appeler le dirigeant en caution lorsque son
entreprise entre en Sauvegarde par exemple, alors qu’elles ne sont pas
supposées le faire …
Travailler chaque jour en se disant qu’on peut tout perdre n’est
pas vraiment une bonne chose pour être parfaitement efficace et serein.
Personne ne peut prédire l’avenir
On rétorquera qu’il n’y a pas de problème car si le
dirigeant croit vraiment en son entreprise et en ses capacités, tout se passera
bien. C’est vrai, sauf que les banques oublient une chose fondamentale :
personne n’est capable de deviner l’avenir. Donc on peut parfaitement croire
sincèrement en son projet, tout mettre en œuvre pour qu’il réussisse, si la
conjoncture évolue défavorablement, le dirigeant peut-il être tenu pour
responsable ?
Il est d’ailleurs assez marquant que pour monter un dossier
de prêt une banque ne regarde que deux documents : les derniers bilans et
le Business Plan. C’est-à-dire deux documents qui ne disent rien d’intéressant,
le premier ne montrant que le passé, et le second qu’une possibilité de futur …
Les banques ne comprennent pas les entreprises
De plus, comme dit plus haut, le seul fait de mettre une
caution en place signifie qu’a priori la banque considère qu’elle peut perdre
son argent et qu’elle souhaite récupérer sa mise coûte que coûte. A l’inverse
des investisseurs qui acceptent cette prise de risque, la banque refuse de
prendre le moindre risque. Et pourtant, lorsqu’elles sont sur les places de
marché, elles prennent des risques infiniment plus grands.
En fait, la différence entre les investisseurs et les
banques c’est que les investisseurs font tout pour que l’entreprise dans
laquelle ils ont investi réussisse car cela signifie pour eux un retour sur
investissement élevé. Le signal envoyé par les banques est donc terrible :
elles se désintéressent complètement de l’économie et n’y mette de l’argent
presque que par obligation …
C’est là où les entreprises évoluant dans la FinTech ont une
place à prendre. En effet, la plupart d’entre elles (en fait quasiment toutes)
ont compris comment marchait l’économie réelle. Les choses doivent aller vite
et sans contraintes. Le risque est dilué par le volume car pour une entreprise
qui n’honorera pas sa créance, dix la rembourseront. La caution perd alors son
sens.
Les banques et les entreprises vivent dans deux mondes
différents. Ces deux mondes ne se font pas confiance mutuellement et c’est la
raison profonde pour laquelle les banques ne prêtent pas sans demander au
dirigeant de l’entreprise d’être caution du prêt. Mais ce modèle est en train d’être
remis en cause par des jeunes entreprises du monde de la finance qui ont
compris que la meilleure garantie de recouvrer sa créance est que le dirigeant
puisse se concentrer pleinement sur le développement de son entreprise et ainsi
augmenter ses chances de réussite.
Et vous, que pensez-vous des cautions demandées par les
banques ?
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