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Quand on parle d'Icare on pense à deux choses : le film d'Henri Verneuil avec Yves Montand dans le rôle principal et le héros malheureux de la mythologie grecque.
Icare est le fils de Dédale. Tous deux souhaitent s'enfuir de Cnossos et ils décident de le faire par la voie des airs. Pour cela, ils se fabriquent des ailes avec des plumes et de la cire. Dédale prévient son fils de ne pas voler trop près de la mer à cause de l'humidité qui pourrait alourdir les ailes, ni trop près du soleil à cause de la chaleur qui ferait fondre la cire. Mais Icare, grisé par la liberté de voler, oublie les conseils de son père et s'approche trop près du soleil. La cire fond et il tombe dans la mer.
La conclusion de cette légende est donc claire : si on s'approche trop près du soleil, ce qui nous a permis de monter peut nous desservir et causer notre chute.
Cette chute étant d'autant plus impardonnable qu'elle aurait pu être évitée si on avait suivi les conseils qui nous avaient été donnés.
Cette légende, ainsi que les différents histoires de chute d'entreprises m'ont conduit à faire le constat suivant :
En fait, comme Icare, les entreprises peuvent faire preuve de créativité et de curiosité face à l'adversité. Elles peuvent mettre en oeuvre des solutions innovantes et originales pour s'en sortir et progresser. Mais elles doivent bien maîtriser les limites de leurs innovations ou de leurs process car ils peuvent un jour se retourner contre elles.
Par exemple, une entreprise que je connais avait développé il y a quelques années un véritable savoir-faire dans le travail de l'acier pour le secteur du bâtiment. Cette compétence lui a permis de se hisser au rang des entreprises les plus performantes dans son secteur et dans sa région. Mais, avec le temps, d'autres entreprises ont progressé et celle de mon exemple n'a pas voulu modifier sa façon de faire : même façon de fabriquer, même façon de vendre, etc. Après quelques années ses parts de marché ont fini par diminuer au point qu'elle a dû se réveiller mais il était un trop tard.
On pourrait dire la même chose des personnes qui composent l'entreprise. Ceux qui la façon grandir peuvent devenir un jour tellement sûrs d'eux qu'ils veulent aller toujours plus haut. Le risque est qu'ils perdent le sens des réalités et entraînent leur entreprise dans leur chute.
Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, lire l'ouvrage de Pierre de Gasquet consacré à la grandeur et à la décadence de la famille Agnelli : La dynastie Agnelli : Grandeur et décadence d'une famille italienne
Les conseils avisés du père, s'ils avaient été suivis, auraient sans doute pu permettre à Icare d'atteindre sa destination. Mais il a fait la sourde oreille et s'est laissé griser par la joie d'aller toujours plus haut ...
On parle souvent de la solitude du dirigeant, mais il ne faut pas perdre de vue que dans la plupart des cas, cette solitude est voulue, ou en tout cas elle est la conséquence du dirigeant de ne plus vouloir écouter ceux qui l'empêchent d'avancer comme il le souhaite.
C'est une vision assez dure des choses, mais quand on pense aux avocats, aux expert-comptables, aux tribunaux de commerce, aux amis, à la famille, aux organisations patronales, aux associations de dirigeants, etc. cela fait quand même beaucoup de monde qui entoure le chef d'entreprise. En général ce sont d'ailleurs des gens qui peuvent dispenser leurs conseils gracieusement. Mais encore faut-il écouter et accepter de rester à la bonne altitude.
Et puis le monde évolue et change. Ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Il est donc très important de rester les yeux ouverts sur le monde. Il faut savoir s'adapter et écouter ce que les autres ont à nous apprendre. Il faut savoir aussi écouter ses clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs. Il faut savoir rester humble et admettre qu'on ne saura jamais tout et qu'on peut apprendre à tout âge !
Pour aller plus loin sur ce sujet de la communication autour du dirigeant, le livre de Wilfrid Raffard : Le dirigeant du 3e millénaire
Mais il a préféré rester très haut, sans doute victime d'une sorte d'ivresse de l'altitude. Pourtant, même si la légende ne le dit pas, il y a fort à parier qu'en redescendant, la cire aurait pu de nouveau durcir et Icare aurait pu continuer son vol.
Dans une entreprise c'est la même chose. Cela s'appelle un tableau de bord ! Si les indicateurs qui sont affichés sur ce tableau de bord sont pertinents, au sens où ils sont cohérents avec l'activité de l'entreprise, alors le fait de les suivre en permanence permet de voir que le décrochage est proche et qu'il faut agir pour ne pas aller à la catastrophe.
Une défaillance d'entreprise est un peu comme une maladie : il y a une infection, puis une période d'incubation, puis la maladie se déclenche. Le problème est que pendant la période d'incubation, le seul moyen de savoir si on est infecté ou non est de faire des examens poussés. Mais on sait aussi que si l'infection est traitée alors qu'on est en phase d'incubation, on a de grandes chances de s'en sortir.
Appliquons ce raisonnement à l'entreprise : si on a des situations régulières sur des indicateurs pertinents, certains signes de futurs problèmes vont pouvoir être détectés. Ces futurs problèmes, encore embryonnaires vont pouvoir être traités efficacement et l'entreprise s'en sortira. En revanche, si on laisse filer, il y a de grandes chances que cela finisse mal ...
Lire à ce sujet l'ouvrage très complet de Caroline Selmer : Concevoir le tableau de bord - 3e édition: Outils de contrôle, de pilotage et d'aide à la décision
On voit que plus de 2 500 ans après les légendes grecques peuvent toujours nous être utiles ! Mais encore faut-il accepter de se poser un peu et de penser au message qu'elles délivrent.
Et vous connaissez-vous des Icare dans votre entourage ?
Pour aller plus loin :
Icare est le fils de Dédale. Tous deux souhaitent s'enfuir de Cnossos et ils décident de le faire par la voie des airs. Pour cela, ils se fabriquent des ailes avec des plumes et de la cire. Dédale prévient son fils de ne pas voler trop près de la mer à cause de l'humidité qui pourrait alourdir les ailes, ni trop près du soleil à cause de la chaleur qui ferait fondre la cire. Mais Icare, grisé par la liberté de voler, oublie les conseils de son père et s'approche trop près du soleil. La cire fond et il tombe dans la mer.
La conclusion de cette légende est donc claire : si on s'approche trop près du soleil, ce qui nous a permis de monter peut nous desservir et causer notre chute.
Cette chute étant d'autant plus impardonnable qu'elle aurait pu être évitée si on avait suivi les conseils qui nous avaient été donnés.
Cette légende, ainsi que les différents histoires de chute d'entreprises m'ont conduit à faire le constat suivant :
- toute entreprise contient en elle les éléments de sa croissance et sa chute
- toute entreprise doit rester à l'écoute du monde et non pas refermée sur ses convictions
- toute entreprise doit réagir quand les premiers signes de défaillance arrivent
1) Toute entreprise contient en elle des éléments qui font sa force et sa faiblesse
Sans aller jusqu'à dire que toute entreprise contient en elle les germes de sa destruction, on peut remarquer que ce qui est bon un jour peut être mauvais le lendemain.En fait, comme Icare, les entreprises peuvent faire preuve de créativité et de curiosité face à l'adversité. Elles peuvent mettre en oeuvre des solutions innovantes et originales pour s'en sortir et progresser. Mais elles doivent bien maîtriser les limites de leurs innovations ou de leurs process car ils peuvent un jour se retourner contre elles.
Par exemple, une entreprise que je connais avait développé il y a quelques années un véritable savoir-faire dans le travail de l'acier pour le secteur du bâtiment. Cette compétence lui a permis de se hisser au rang des entreprises les plus performantes dans son secteur et dans sa région. Mais, avec le temps, d'autres entreprises ont progressé et celle de mon exemple n'a pas voulu modifier sa façon de faire : même façon de fabriquer, même façon de vendre, etc. Après quelques années ses parts de marché ont fini par diminuer au point qu'elle a dû se réveiller mais il était un trop tard.
On pourrait dire la même chose des personnes qui composent l'entreprise. Ceux qui la façon grandir peuvent devenir un jour tellement sûrs d'eux qu'ils veulent aller toujours plus haut. Le risque est qu'ils perdent le sens des réalités et entraînent leur entreprise dans leur chute.
Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, lire l'ouvrage de Pierre de Gasquet consacré à la grandeur et à la décadence de la famille Agnelli : La dynastie Agnelli : Grandeur et décadence d'une famille italienne
2) Etre à l'écoute du monde et pas renfermé sur ses convictions
Dédale avait bien prévenu son fils : ni trop bas, ni trop haut.Les conseils avisés du père, s'ils avaient été suivis, auraient sans doute pu permettre à Icare d'atteindre sa destination. Mais il a fait la sourde oreille et s'est laissé griser par la joie d'aller toujours plus haut ...
On parle souvent de la solitude du dirigeant, mais il ne faut pas perdre de vue que dans la plupart des cas, cette solitude est voulue, ou en tout cas elle est la conséquence du dirigeant de ne plus vouloir écouter ceux qui l'empêchent d'avancer comme il le souhaite.
C'est une vision assez dure des choses, mais quand on pense aux avocats, aux expert-comptables, aux tribunaux de commerce, aux amis, à la famille, aux organisations patronales, aux associations de dirigeants, etc. cela fait quand même beaucoup de monde qui entoure le chef d'entreprise. En général ce sont d'ailleurs des gens qui peuvent dispenser leurs conseils gracieusement. Mais encore faut-il écouter et accepter de rester à la bonne altitude.
Et puis le monde évolue et change. Ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Il est donc très important de rester les yeux ouverts sur le monde. Il faut savoir s'adapter et écouter ce que les autres ont à nous apprendre. Il faut savoir aussi écouter ses clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs. Il faut savoir rester humble et admettre qu'on ne saura jamais tout et qu'on peut apprendre à tout âge !
Pour aller plus loin sur ce sujet de la communication autour du dirigeant, le livre de Wilfrid Raffard : Le dirigeant du 3e millénaire
3) Réagir quand la cire commence à fondre
Lorsque Icare a vu que la cire qui tenait ses ailes commençait à fondre il aurait pu redescendre. Un peu comme les avions qui subissent une brusque dépressurisation en cabine, qui descendent à un niveau d'altitude où la pression est supportable.Mais il a préféré rester très haut, sans doute victime d'une sorte d'ivresse de l'altitude. Pourtant, même si la légende ne le dit pas, il y a fort à parier qu'en redescendant, la cire aurait pu de nouveau durcir et Icare aurait pu continuer son vol.
Dans une entreprise c'est la même chose. Cela s'appelle un tableau de bord ! Si les indicateurs qui sont affichés sur ce tableau de bord sont pertinents, au sens où ils sont cohérents avec l'activité de l'entreprise, alors le fait de les suivre en permanence permet de voir que le décrochage est proche et qu'il faut agir pour ne pas aller à la catastrophe.
Une défaillance d'entreprise est un peu comme une maladie : il y a une infection, puis une période d'incubation, puis la maladie se déclenche. Le problème est que pendant la période d'incubation, le seul moyen de savoir si on est infecté ou non est de faire des examens poussés. Mais on sait aussi que si l'infection est traitée alors qu'on est en phase d'incubation, on a de grandes chances de s'en sortir.
Appliquons ce raisonnement à l'entreprise : si on a des situations régulières sur des indicateurs pertinents, certains signes de futurs problèmes vont pouvoir être détectés. Ces futurs problèmes, encore embryonnaires vont pouvoir être traités efficacement et l'entreprise s'en sortira. En revanche, si on laisse filer, il y a de grandes chances que cela finisse mal ...
Lire à ce sujet l'ouvrage très complet de Caroline Selmer : Concevoir le tableau de bord - 3e édition: Outils de contrôle, de pilotage et d'aide à la décision
On voit que plus de 2 500 ans après les légendes grecques peuvent toujours nous être utiles ! Mais encore faut-il accepter de se poser un peu et de penser au message qu'elles délivrent.
Et vous connaissez-vous des Icare dans votre entourage ?
Pour aller plus loin :
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