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Creative Consulting
Creative Consulting
Le gouvernement actuel propose un « pacte » aux entreprises qu’on peut résumer comme suit : je m’engage à baisser vos charges pendant 3 ans et en contrepartie vous embauchez. Le problème est que nous sommes en France et que depuis la seconde partie du XVIIème siècle et la mise en place d’un interventionnisme étatique fort, les chefs d’entreprise se sont toujours méfiés des initiatives venant de l’état.
La question qu’il faut se poser, et qui est à mon avis celle
que se posent les chefs d’entreprise, est : peut-on faire confiance à ce type de pacte ? La
question subsidiaire et qui n’est pas pour autant à négliger est : ce type
de mesure a-t-il un sens ?
Quelques chiffres
Avant d’avancer dans le raisonnement, il faut partir des chiffres. Le gouvernement annonce 40 milliards d’euros de
réductions de charges sur 3 ans, ce qui fait environ 13 milliards de réduction
par an. Or la France compte 3.2 millions de PME (je ne parle ici que des PME et
pas des entreprises plus importantes ou des grands groupes côtés, sachant que
ces PME représentent 52% de l’emploi salarié).
Si on considère qu’il y a une répartition équilibrée parmi
toutes ces entreprises, cela signifie que pendant 3 ans, elles bénéficieront d’une
réduction d’un peu plus de 4 000 € de charges annuelles. Or une embauche,
même au SMIC et pour un travail à 35h hebdomadaires coûte à peu près à l’entreprise
2 400 € par mois, soit un peu moins de 29 000 € par an.
D’un côté on a donc une charge supplémentaire de 29 000
€ par an pour l’entreprise contre une économie de charge de 4 000 €.
Autrement dit, les entreprises qui verraient dans cette mesure un effet d’aubaine pour « gagner »
de l’argent se trompent. Le seul gagnant dans cette affaire sera l’état qui
collectera plus que 4 000 € par an en recettes diverses liées aux
cotisations sociales …
Elles se trompent d’autant plus que les annonces du
gouvernement sont un pacte de 3 années. Or dans 3 années, à supposer que tout
soit mis en place début 2015, cela signifie que le « plan » serait
terminé fin 2017. D’ici-là il est possible qu’une nouvelle majorité ait pris le
pouvoir et que le pacte tombe aux oubliettes, les entreprises restant alors
avec leur salarié qui leur coûterait plein pot.
Pourquoi une entreprise recrute ?
Le second problème est que recruter un salarié peut être une
bonne chose mais à deux conditions :
- que l’entreprise ait un carnet de commandes qui justifie une hausse de son activité
- que le salarié ait les compétences adéquates afin qu’il puisse être immédiatement performant
Or
actuellement, il y a une majorité des PME qui n’ont pas la visibilité suffisante pour justifier l’embauche d’un salarié
supplémentaire, d’autant que, et ce n’est un secret pour personne, à part les
bassins d’emploi bien pourvus, les larges zones rurales du territoire ne
permettent pas de trouver les personnes avec les bonnes compétences.
Car le nœud du
problème est là : une entreprise n’embauche que si elle a du travail et qu’elle a une visibilité à un terme de
quelques années. Vues la lourdeur administrative lors de la rupture du
contrat de travail, les risques prud’homaux
importants et le manque de visibilité et de confiance en l’avenir des chefs d’entreprise,
il est peut probable qu’une large majorité d’entre eux tombent dans le piège de
ce pacte qui fit miroiter le gain de quelques milliers d’euros contre un
engagement beaucoup plus fort.
En réalité,
il faut bien comprendre que cette mesure va surtout intéresser les entreprises
qui ont déjà bénéficié des effets du CICE : les grandes entreprises, dont certaines ont l’état comme actionnaire
(SNCF, La Poste, Orange, etc..). Ce sont des entreprises qui peuvent se
permettre d’embaucher car elles ont cette visibilité qui manque aux PME et qui
ne prennent pas de risque important en augmentant leur masse salariale. De
plus, les PME représentent certes 52% de l’emploi salarié en France, mais cela
signifie que les autres entreprises représentent quand même 48% de l’emploi, ce
qui n’est pas rien !
Un problème de culture ?
En fait, tout
se résume à un problème de confiance
en l’avenir pour les dirigeants de PME. S’ils étaient confiants, ils
embaucheraient (avec ou sans aide de l’état). Ces incitations ne traitent donc
pas le vrai problème.
Selon moi, le
vrai problème tient également aux marchés
visés par ces PME. Le gouvernement ne cesse de mettre en avant le secteur du
bâtiment comme un secteur à favoriser car il permet d’offrir des emplois non
délocalisables du fait de la nature même de son activité. Dans le même temps,
nous ne cessons de jalouser notre voisin d’outre-Rhin, mais a-t-on seulement
regardé comment fonctionnaient ses entreprises : elles sont tournées vers l’export tandis que nous sommes
obnubilés par la consommation de nos ménages …
A-t-on jamais
compris que nous ne sommes plus à l’époque du Louis XIV ou de Napoléon, où la France
dictait sa loi sur le monde économique européen ? Nos fameux ménages ne
représentent plus aujourd’hui que 1% des ménages du monde ! Quelle
entreprise sérieuse dépenserait toute son énergie à conquérir 1% d’un marché ?!
En plus, la
conjoncture actuelle montre que notre économe nationale tend lentement mais
sûrement vers une déflation, c’est-à-dire que les ménages en question préfèrent
mettre leurs quelques excédents dans de l’épargne
plutôt que dans des dépenses de produits ou de services français … Ainsi nos
entreprises qui sont obsédées par le marché français ont des raisons de ne pas
avoir confiance en l’avenir. Pour cela, il faudrait qu’elles regardent au-delà
des frontières et exportent leur savoir-faire en s’appuyant sur cette image
encore forte qui est la marque « France ».
La seule
façon pour nos PME de retrouver le moral, donc d’embaucher et de ne pas
dépendre d’un quelconque pacte (dont le terme seul de « pacte » a
quand même une connotation assez malheureuse …) est de sortir
de ses frontières, de s’ouvrir sur le monde.
Je pense donc
qu’à l’instar des pactes avec le diable dont notre histoire populaire nous
relate les faits, le pacte de responsabilité actuel est un marché de dupes. Mais qu’on ne se trompe pas, de même que le but du
diable est de récupérer l’âme du pauvre hère qui signe le pacte avec lui, le
pacte de responsabilité a essentiellement pour vocation d’intervenir dans l’entreprise
en lui dictant sa conduite.
Les PME
peuvent et doivent rester indépendantes
mais pour cela il faut qu’elles regardent au-delà des frontières et pensent
sérieusement à exporter. Ainsi, ce ne
seront pas des baisses de charges qui conduiront à des embauches, mais bien un
changement de stratégie de développement.
Et vous, pensez-vous que des baisses
de charge puissent conduire à des embauches ?
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