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Les Tribunaux de Commerce le disent en permanence : si les difficultés d'une entreprise étaient détectées suffisamment tôt, des moyens pourraient être mis en oeuvre qui pourraient non seulement sauver l'entreprise de la disparition mais également sauvegarder un grand nombre d'emplois.
Or, la plupart du temps, c'est souvent avec un passif dépassant l'entendement que les entreprises arrivent au Tribunal de Commerce, quand elles n'ont pas été assignées par l'URSSAF ou par un autre créancier.
Pourquoi ce retard ? Pourquoi attendre si longtemps ? La raison est, malheureusement, que la plupart du temps, le chef d'entreprise ne voit pas situation de son entreprise de manière objective, mais à travers un prisme qui est celui de son optimisme. De fait, alors que la situation se dégrade, il pense qu'il ne s'agit que d'un problème temporaire et tout va rentrer dans l'ordre.
Cette façon de voir les choses porte un nom : le déni de réalité ! Le problème est que cette attitude coûte souvent très cher car en matière économique (comme ailleurs), plus on attaque un problème tard, moins on a de chances de le soigner. Car il aura pris une ampleur telle que les quelques actions qui auraient suffit au commencement n'ont alors plus aucun effet.
1) Comment en arrive-t-on là ?
Dans les petites entreprises, il n'y a que trop peu souvent des tableaux de bord efficaces et pertinents qui permettraient de voir, de manière objective, une dégradation de l'activité arriver. L'évolution de l'activité est donc intimement liée au ressenti du chef d'entreprise. Ressenti qui est le plus souvent le fruit d'une expérience.Mais les temps changent et les règles qui prévalaient il y a 30 ans ne sont plus vraies. De plus, la situation de trésorerie des entreprises se dégradant, elles sont davantage à la merci de retards de paiement à répétition de la part de leurs clients (qui sont souvent dans la même situation). Mais on n'ose pas se plaindre auprès de ses clients car on a peur de les perdre ... Et puis on a confiance car on travaille avec eux depuis tant d'années ... Mais un jour ce client disparaît et c'est la chute !
Car non seulement le chef d'entreprise est dans le déni de réalité concernant la situation de son entreprise, mais il ne voit également pas que le monde a bougé et que ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. En fait tout à changé : les relations entre les clients et leurs fournisseurs, les relations entre les entreprises et les banques, etc. La confiance n'existe plus, c'est chacun pour soi ...
Et puis, même s'il existe quelques tableaux de bord montrant une lente mais certaine dégradation, encore faut-il vouloir agir ! Il faut parfois licencier des personnes, parfois renoncer à tel investissement. Mais encore faut-il accepter cela. Dans certains cas, le chef d'entreprise fait comme si tout allait bien et continue comme avant, croyant en sa bonne étoile. En réalité, il ne veut pas toucher à l'édifice qu'il a patiemment édifié.
Enfin, le chef d'entreprise ne veut pas que l'image qu'il a mis si longtemps à construire soit écornée ! C'est irrationnel, mais combien de chefs d'entreprises n'osent pas parler de la situation de leur entreprise de peur que cela se sache ? Ils se disent que toute la ville va être au courant et qu'ils seront regardés de travers par les autres. Alors pour éviter cela, ils ne disent rien et continuent à faire bonne figure !
2) Comment faire pour éviter cela ?
Il n'y a évidemment pas de règle absolue mais le bon sens indique deux voies :- parler de ses difficultés
- savoir accepter qu'on a pu faire des erreurs
Evidemment, la condition est que le dirigeant suive ces conseils ...
Ensuite, il faut accepter le fait que nul n'est infaillible. Que la conjoncture se soit brusquement dégradée, qu'on n'ait pas su anticiper telle évolution du marché peut arriver. Ce qui se produit actuellement dans le secteur automobile français montre que même les plus grands chefs d'entreprise peuvent se tromper ...
Le problème n'est pas de se tromper, mais de persévérer dans son erreur ! A l'inverse, il ne faut pas non plus battre sa coulpe indéfiniment en se considérant comme un moins que rien. Une fois que l'erreur ou les erreurs ont été constatées, il faut les corriger et avancer.
Là encore, on peut se faire accompagner par des personnes ayant déjà vécu ces étapes et qui savent comment faire pour rebondir et repartir dans une nouvelle direction. Il faut bien comprendre que seul on n'arrive à rien car souvent, le travail à accomplir est très important. Il faut donc accepter de se faire aider.
3) Le déni de réalité peut aussi concerner la santé du chef d'entreprise
Un dernier point qui me semble important car trop souvent négligé, est la santé du chef d'entreprise. Qu'il s'agisse de santé physique ou mentale, il ne faut pas perdre de vue qu'un chef d'entreprise est avant tout un être humain avec ses forces et ses faiblesses.Il faut savoir écouter les autres lorsqu'ils vous disent que votre santé semble s'altérer. Il faut s'écouter quand on ressent un essoufflement anormal ou des pertes de mémoire à répétition.
Lorsque le chef d'entreprise entre dans la tourmente à cause des problèmes de sa société, il peut y laisser littéralement sa santé. Un infarctus ou un burn out sont si vite arrivés ... Et dans ce cas, c'est la fin assurée de l'entreprise.
Il faut donc accepter le fait de ne pas être un surhomme. L'attitude héroïque du capitaine seul à la barre en pleine tempête n'est plaisante que dans les films ou les livres. Dans la réalité, il faut accepter de lâcher prise de temps en temps, de se reposer pour reprendre des forces, de faire part de ses doutes ou de ses craintes.
Encore une fois, il faut faire attention à soi ! Car sans chef une entreprise ne vaut pas grand chose, surtout si elle est de petite taille.
Pour conclure, je dirais donc que plus que les problèmes pouvant atteindre une entreprise, le déni de réalité face à ces problèmes est sans doute pire. Faute d'être traités convenablement, les problèmes ne vont que croître et finir par détruire l'entreprise. Le réveil sera alors une véritable douche froide dont, finalement, peu de chefs d'entreprise se remettent vraiment.
Et vous, avez-vous été confrontés à ce déni de réalité ?
Pour aller plus loin :
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