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Que ce soit dans les Tribunaux de Commerce ou lors des audiences des Conseils de Prud'hommes, le constat reste toujours le même : les chefs d'entreprise qui font face aux juges n'auraient normalement pas dû se trouver là !
Pourquoi ? Simplement parce que leur présence en ces lieux est le signe qu'ils n'ont pas su ou pu prendre les bonnes décisions au bon moment. Ils ont soit laissé traîner les choses en se disant que cela allait s'améliorer, soit agi impulsivement en faisant comme s'ils étaient au-dessus des lois.
Et pourtant, je peux témoigner que les organisations patronales ou les chambres de commerce et d'industrie essaient de sensibiliser ces chefs d'entreprise à la nécessité de communiquer, de partager leurs difficultés, de parler. En vain.
Comment se fait-il que ces dirigeants, souvent des personnes maîtrisant parfaitement leur métier, parfois d'excellents managers ou des commerciaux redoutables se retrouvent soudainement incapables d'anticiper les problèmes de leur entreprise et de s'en ouvrir à leurs proches ou à leur réseau professionnel ?
Il y a sans doute deux raisons à cela : tout d'abord, pour voir les problèmes il faut prendre du recul par rapport à son entreprise. Ce n'est en effet qu'en prenant de l'altitude qu'on a cette vision globale qui permet de réaliser que les choses se sont dégradées au point qu'il faut impérativement agir. Ensuite, il faut également prendre du recul par rapport à soi-même. Sortir de son rôle et de l'image qu'on projette est fondamental si on veut exposer ses doutes et ses craintes aux autres sans peur d'être jugé.
Mais que ce soit par rapport à son entreprise ou par rapport à soi-même, cette prise de recul peut être perçue, à tort, par le dirigeant, comme une sorte d'aveu de faiblesse. Le chef d'entreprise, parce qu'il est souvent le seul à avoir la vision globale de son entreprise et de son fonctionnement, pense qu'il ne peut pas lâcher prises le temps de faire un diagnostic le plus objectif possible de sa situation. Voire que personne d'autre que lui ne peut comprendre ce qui se passe réellement.
Par ailleurs, les personnes qui pourraient normalement l'aider, en l'occurrence son expert-comptable ou son avocat par exemple, parce qu'ils connaissent les chiffres ou les actions en cours, sont souvent absentes. Pas nécessairement par laxisme, mais parce qu'elles ont d'autres clients et que le fait de s'intéresser à une entreprise qui connaît des difficultés est souvent compliqué et sort de la mission de base qui leur a été confiée par le dirigeant lui-même.
On fait donc face à ce paradoxe qui est que pour être aidé efficacement, un chef d'entreprise doit avoir une démarche active vers un de ses conseils ou un conseil extérieur, mais qu'il n'a pas cette démarche car il pense qu'il va pouvoir s'en sortir tout seul. Or, ne sachant pas l'ampleur de ses difficultés, aucun conseil extérieur ne peut l'aider efficacement.
Et puis le fait de se remettre en cause n'est pas forcément confortable. Car après avoir accepté qu'on a fait de mauvais choix ou qu'on a pris une mauvaise décision, il faut changer de cap et communiquer auprès de son entourage les raisons de ce changement. L'ego peut en prendre un coup mais si la communication est bien faite, cela peut au contraire montrer aux autres qu'on maîtrise la situation. Le doute et la peur qu'à le dirigeant de se remettre en cause est donc sans doute liée à un manque de confiance en soi.
Peut-être que cet état d'esprit changera avec le temps car la nouvelle génération d'entrepreneur qui arrive et qui s'est déjà lancée est sans doute moins attachée à l'image qu'elle renvoie à ses pairs et à la société en général. Par ailleurs, le sentiment de culpabilité qui peut ronger un chef d'entreprise qui est en train de perdre pied baissera sans doute dans le temps car l'échec sera mieux accepté à l'avenir.
En tout cas, il est certain que la pire des attitudes à avoir face à un problème est de se cacher en espérant que celui-ci va disparaître naturellement.
Et vous quelle serait votre attitude face à l'accumulation de difficultés dans votre entreprise ?
Pour aller plus loin :
Le monde des affaires est cruel. Le chef d'entreprise pense donc que l'aveu des difficultés de l'entreprise sera exploité par la concurrence.
RépondreSupprimerIl lui faut trouver un interlocuteur qui l'aidera à résoudre ces difficultés en toute discrétion.