lundi 17 septembre 2012

Festina lente ou l'art de faire les choses dans le bon ordre !



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On prête à Auguste, le premier Empereur Romain cette phrase : "Festina lente", "Hâte-toi lentement". Dans son esprit, il s'agissait de ne pas trop se précipiter lors de la prise de décision, pour éviter de ne pas tout voir des possibles conséquences de ses actes.

Apparemment, cela lui a réussi car son règne a été un des plus longs de Rome ...

Tout comme Auguste, le chef d'entreprise doit donc agir avec prudence et sagesse lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes et stratégiques.


Pourtant, on peut avoir l'impression qu'un dirigeant est une sorte de personnage excessivement intelligent, qui est capable d'appréhender une situation très complexe en un instant et qui rend ensuite des avis et prend des décisions qui sont brillants.

Malheureusement pour nous, cette catégorie de personnes est très très rare et il nous faut en général un peu plus de temps.

Pour autant, prendre son temps, ne signifie pas rejeter les décisions aux calendes grecques, cela signifie seulement bien réfléchir aux conséquences possibles de nos actes.

Pour illustrer ce propos, voici 3 exemples réels de décisions prises dans la précipitation et leurs conséquences ...

1) Une embauche trop rapide

La société L souhaitait se doter de forces de ventes pour doper son activité sur le secteur des particuliers.

La décision est donc prise de passer une annonce dans la Presse et sur le site de Pôle Emploi. Le dirigeant, confiant, se prépare alors à faire passer quelques entretiens d'embauche car, pense-t-il, les candidatures vont se bousculer.
Mais les jours passent et rien n'arrive !

Puis, un appel, d'une connaissance du dirigeant le prévient qu'il a un ami qui recherche du travail, qu'il a vu l'annonce et il veut savoir si le poste est toujours à pourvoir. Ce à quoi le dirigeant répond que le poste est toujours vacant et qu'il peut recevoir le candidat le lendemain.

Après un rendez-vous, le dirigeant décide d'embaucher le commercial.

Mais, il s'avère que les objectifs fixés au préalable avec le commercial sont loin d'être atteints. Pire, le commercial en question semble complètement inadpté et démotivé alors que tout est fait pour l'aider.

La société décide donc de se séparer de ce salarié moins d'un an après son arrivée.

Bilan de l'opération : 15 k€ de Chiffre d'Affaire réalisé sur un objectif de 150 k€ et près de 50 k€ dépensés en salaires et frais divers.

Moralité : si le dirigeant avait attendu davantage et essayé de voir plusieurs candidats, même si cela avait pris plus de temps, il aurait au pire économisé 50 k€ et sans doute réalisé un Chiffre d'Affaire plus élevé en recrutant la bonne personne.

2) Un mauvais choix de logiciel


Dans l'entreprise K, on fabrique des pièces sur mesure pour des architectes. Le dirigeant, qui vient de reprendre la société décide de faire évoluer le système de gestion de production, qu'il considère comme un axe stratégique de développement.

Bien que le système existant soit assez performant, il veut sans doute montrer qu'avec son arrivée, tout va changer.

Il est alors démarché par une société locale d'informatique qu'il connaît bien par ailleurs (et en qui il a confiance), qui lui parle d'un nouveau logiciel très complet et très performant qui pourra lui permettre de suivre sa production au jour le jour ! Séduit, il achète le produit et la formation qui va avec, le tout pour la modique somme de 30 k€.

Le système est installé, mais voilà, il est effectivement très performant, mais pas du tout adapté au métier de l'entreprise K. En conséquence,  il est sous-utilisé.
Pour couronner le tout, il y a quelques bugs qui font que finalement, les utilisateurs font pratiquement tout le suivi et les rapports de production sur ... Excel !

Bilan de l'opération : 30 k€ perdus car le logiciel n'est pratiquement plus utilisé aujourd'hui, sans compter les heures passées à essayer de travailler avec le logiciel et les heures passées au téléphone avec la société informatique pour corriger des bugs ...

Moralité : Si ce bouillonnant chef d'entreprise avait attendu et s'était contenté de l'ancien logiciel, il aurait économisé du temps et de l'argent qu'il aurait pu investir de manière plus productive dans l'entreprise ...

3) Un licenciement mal géré


Dans l'entreprise P, les affaires vont mal.

Pourtant, le gérant est un ancien du métier et il connaît bien son entreprise pour l'avoir fondée il y a près de 20 ans. Mais voilà, aujourd'hui c'est sérieux, il va falloir se séparer d'un collaborateur.

Mais le dirigeant de l'entreprise P n'a pas le temps, il veut aller vite car il est pressé par ses banquiers de faire quelque chose. Il va donc voir son expert-comptable qui lui dit qu'effectivement, un dessinateur peut être licencié car il a un bon salaire et que son départ permettra de grosses économies. Le problème dit-il est qu'il faut aller vite et qu'il vaut mieux faire un licenciement économique. Mais comme il n'est pas très sûr de lui, il lui conseille d'aller voir un avocat qui fera tous les papiers à sa place, au cas où ...

C'est donc ce que fait notre dirigeant pressé.

L'avocat lui prend quelques honoraires, lui conseille de donner une petite somme à son salarié licencié pour "acheter" son silence.
Finalement le préavis s'avère plus long d'un mois, ce qui rend la situation encore plus délicate car le climat dans la petite entreprise se tend ...

Bilan de l'opération : entre les honoraires de l'avocat, les indemnités, les préavis, l'histoire a coûté près de 10 k€ à l'entreprise qui aurait bien eu besoin de cet argent pour payer ses créanciers. Aujourd'hui l'entreprise est au bord du dépôt de bilan car il se trouve que la personne licenciée a créé une société concurrente à côté qui est en train de siphoner la base de clients de l'entreprise P ...

Moralité : Si ce dirigeant avait pris le temps, il aurait peut-être envisagé d'autres solutions : une Rupture Conventionnelle, l'embauche de commerciaux pour sortir par le haut de cette crise, une renégociation de ses dettes avec ses créanciers via une procédure de Sauvegarde par exemple. Bref, autant de solutions plus créatives que celle qui a été choisie dans l'urgence et qui va sans doute s'avérer fatale à terme pour l'entreprise.


Je pense que vous avez tous été un jour confronté à ce genre de situation. Alors, souvenez-vous d'Auguste et de sa phrase "Festina lente !" et prenez le temps dans vos décisions stratégiques, faites-vous conseiller, prenez des avis différents, puis tranchez.


Et vous, avez-vous été confronté à ce genre de décision prise trop rapidement ? Quelles en ont été les conséquences ?

Pour aller plus loin : 
 
           

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