lundi 8 avril 2013

Comment aider les chefs d'entreprise en difficulté ?



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Lorsqu'on est à la tête d'une entreprise qui connaît des difficultés, on a besoin d'aide. Mais le paradoxe est que, ne voulant pas voir les difficultés réelles de son entreprise, le dirigeant va au mieux sous-estimer l'aide dont il aura besoin, et au pire ne pas la solliciter.

Pourtant, et tout le monde le dit, si les problèmes sont pris tôt, l'entreprise a de grandes chances de s'en sortir. Il y a donc là une équation à résoudre qui est d'autant moins simple que c'est bien le chef d'entreprise qui en détient la clef.

Mais, passé cet obstacle, il faut aider concrètement le chef d'entreprise : il faut faire un bilan de la situation avec lui, voir quelles sont les possibilités de rebond pour son entreprise et enfin, comment lui peut s'en sortir à titre personnel.

1) Faire un bilan

Une fois que le chef d'entreprise a admis avoir besoin d'aide, il faut poser le problème pour voir l'étendue des dégâts : ce peut être la perte d'un client important qui rend visible une faiblesse structurelle, c'est une trésorerie qui se dégrade lentement mais sûrement depuis des mois, etc..

Dans tous les cas, une double approche devra être effectuée selon moi :
  • une approche de type SWOT 
  • une approche de type 5M

L'approche SWOT définit les Forces et les Faiblesses de l'entreprise (Strengths et Weaknesses) et les Opportunités et les Menaces qui pèsent sur elle (Opportunities et Threats). Les deux premiers points permettent de dresser un bilan sur le fonctionnement interne, tandis que les deux derniers points concernent l'environnement extérieur de l'entreprise.

L'approche 5M permet quant à elle de regarder globalement ou par service les points forts et les points faibles dans les domaines suivants : Moyens, Main d'oeuvre, Méthodes, Milieu et Matière. Selon les métiers de l'entreprise, tout n'est pas applicable, mais cela permet souvent de mettre en évidence des dysfonctionnements importants de l'entreprise.

Cette double approche, faite avec le chef  d'entreprise et éventuellement les salariés, permet donc de dresser un bilan de la situation et donc de définir les axes de travail.

2) Quelles possibilités de rebond

Une fois que l'analyse décrite ci-dessus a été faite, on peut passer à l'étape suivante qui est en fait le plan à mettre en place pour sortir des difficultés.

Ce plan peut être de plusieurs natures :
  • soit il existe des ressources en internes suffisantes pour pouvoir passer ce cap difficile
  • soit il va falloir demander l'aide du Tribunal de Commerce pour s'en sortir
Dans le premier cas, il va falloir que l'ensemble du personnel se mobilise et que les charges fixes soient revues en détail poste par poste. C'est en effet le moment pour mettre fin à tel ou tel contrat d'entretien, renégocier ses contrats avec son opérateur téléphonique ou internet, faire un point sur ses contrats d'assurance, etc.. Je me souviens par exemple d'une entreprise qui avait dépensé en 5 ans l'équivalent de 50 000 € sur un contrat visant à l'assurer contre les arrêts de travail (elle prenait en charge la partie non remboursée par la Sécurité Sociale). En face, en 5 ans, les coûts liés aux arrêts de travail n'avaient pas excédés 5 000 € ...

Une fois que ce nettoyage a été fait, on a gardé que ce qui nécessaire au bon fonctionnement de l'entreprise. Mais cela peut aussi être l'occasion pour repenser son organisation : s'il y a des contrats qui se terminent, il faut faire en sorte de ne pas les renouveler, par exemple. C'est à cette étape qu'on peut envisager de se séparer de certains collaborateurs.

Il faut enfin travailler sur ses segments de clientèle et se poser les vrais questions : par exemple, le produit dont les ventes baissent est-il toujours adapté à mes segments de clientèle actuels ? Si l'entreprise perd des marchés à cause d'un prix de vente trop élevé, n'est-ce pas à cause de coûts de fabrication trop importants ? Etc..

Dans le cas où la situation nécessite une remise à plat des créances, il faudra alors se rapprocher du Tribunal de Commerce. La réponse peut être graduée en fonction des problèmes rencontrés : cela peut aller du Mandat Ad hoc au Redressement Judiciaire, en passant par la Sauvegarde. Mais, pour ces deux dernières procédures dites collectives, il faut bien peser le pour et le contre avant de se lancer.

Elles permettent effectivement de geler le passif de l'entreprise pendant toute la période d'observation puis de l'étaler sur plusieurs années, mais à condition que ladite période d'observation se passe bien, en d'autres termes, que l'entreprise dispose des ressources financières suffisantes pour pouvoir financer son BFR, tout en sachant que les encours fournisseurs passent généralement à zéro et que les banques ferment les robinets ...

Cela signifie donc qu'au préalable, le nécessaire aura été fait pour restructurer l'entreprise.

3) Comment aider le dirigeant

La gestion quotidienne des difficultés de son entreprise est, pour le dirigeant, un véritable épreuve tant physique que morale et psychologique. Il n'est pas rare en effet de voir des dirigeants s'effondrer lorsque les affaires reprennent, tant la pression a été forte dans les mois qui ont précédé.

La première chose à faire est donc d'être présent auprès du dirigeant pendant ces moments, de partager ses doutes avec lui et, éventuellement, lui indiquer quelles sont les actions à mettre en place pour aider l'entreprise à s'en sortir. Car s'il y a bien un moment de la vie de l'entreprise où son dirigeant a besoin de toutes ses facultés intellectuelles, c'est bien lorsqu'elle traverse des difficultés.

Ensuite, si les choses ne vont pas mieux, il faut que le dirigeant soit protégé : l'idéal est qu'il ne dispose d'aucun actif personnel, ce qui limitera son risque en cas d'appel des cautions par les créanciers (souvent les banques) : en général en effet, le dirigeant de PME est caution sur les créances consenties par les banques (prêt, avance, découvert, etc.).

Si les choses se terminent mal pour l'entreprise, il faudra alors aider le dirigeant à rebondir personnellement, car le système français a tendance à stigmatiser l'échec, avec par exemple la cotation du dirigeant donnée par la Banque de France qui ne contient que 4 notes : 000 si tout va bien, et 040, 050 ou 060 pour les chefs d'entreprise ayant dirigé une ou des entreprises ayant eu à subir des procédures collectives ... 



Aider un dirigeant dont l'entreprise connaît des difficultés est donc un travail de tous les instants.
  • Avant que la crise n'éclate, pour limiter ses conséquences et se préparer à l'avenir
  • Pendant la crise, pour l'aider à tenir le cap
  • Après la crise, pour rebondir et repartir de l'avant


Et vous, avez-vous déjà été confronté à des difficultés importantes dans votre entreprise ?

Pour aller plus loin :

           

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