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Dans notre monde actuel, le seul fait d'être chef d'entreprise conduit à avoir le rôle souvent compliqué de répondre aux questions de tout le monde : des partenaires, des clients, des banquiers, des fournisseurs, des collaborateurs.
L'image du chef d'entreprise est celle d'une personne omnisciente et douée d'une très grande agilité d'esprit qui lui donne la capacité de répondre aux questions les plus complexes en un temps record.
Mais, j'ai lu récemment un article écrit par Vineet Nayar qui se trouve être le CEO de la société HCL Technologies, société qu'il a littéralement transformée en l'espace de 5 ans. Vineet Nayar a appliqué dans sa société une philosophie qu'il résume lui-même en disant que le CEO doit surtout être le Chief Question Asker ...
Pour celles et ceux qui veulent se familiariser avec la philosophie développée par Vineet Nayar, lire : Les employés d'abord, les clients ensuite : Comment renverser les règles du management
Et s'il avait raison ? Et si le fait que le dirigeant d'une entreprise devait être celui qui pose le plus de questions ?
Il est évident à mes yeux que le fait de questionner ses équipes et son encadrement intermédiaire sur des points même stratégique de l'entreprise peut permettre non seulement de recevoir des éléments de réponse pertinents, mais également d'impliquer davantage le personnel.
Prenons l'exemple d'une entreprise qui fabrique des pièces métalliques pour l'industrie. Pour des raisons stratégiques, elle décide de développer d'autres segments de clientèle. Il peut être très enrichissant de demander à l'ensemble du personnel de répondre à la question "Comment pourrions nous utiliser au mieux notre savoir-faire mais dans des secteurs plus ludiques ?" Une telle ré-orientation sera d'autant plus acceptée et comprise par les collaborateurs de l'entreprise qu'ils y auront effectivement participé. Si à l'inverse, une note de service indique que désormais, l'entreprise va fabriquer des toboggans pour enfants, je doute que le résultat soit perçu de la même manière ...
Par ailleurs, le fait de poser des questions appelle des réponses. Et souvent les réponses sont d'autant plus innovantes que les questions seront "choquantes". Ainsi, Vineet Nayar, dans ses 20 questions qu'il se pose à lui-même dit "Que se passerait-il dans mon entreprise s'il n'y avait pas de CEO ?". A première vue cette question amène une réponse rapide : "Ce serait le chaos !" ou "Cela ne marcherait pas car il n'y aurait plus personne pour décider des orientations stratégiques.", etc. Mais si on se pose réellement la question ... Peut-être qu'on arrive à des modes de gestion de l'entreprise innovants où chacun intervient dans le processus de décision en fonction de son niveau hiérarchique ? (NB : Loin de moi l'idée de faire l'apologie de la SCOP, mais la question posée plus haut amène sans doute d'autres réponses ...)
Il semble donc que le fait de poser des questions, pour le dirigeant, lui permette de trouver des réponses intéressantes et source d'innovations à tous les niveaux.
Mais la société dans laquelle nous sommes nous pousse à l'excellence et nous force à considérer ceux qui n'ont pas réussi comme des ratés (cela dépend des cultures et des pays, mais globalement, on considère quand même mieux ceux qui ont "réussi" dans la vie que les autres ...). En tant que personnes ayant réussi, on a alors une pression assez forte qui nous pousse à être toujours plus performant. Et l'image que la société colle à ces super dirigeants c'est celle de personnes qui peuvent répondre à tout. Ce sont en fait davantage des gourous que des chefs d'entreprise !
Le danger est que l'on y prenne goût ! Aussi, le fait de se mettre à poser des questions sur comment l'entreprise devrait fonctionner, comment devrait-on modifier notre façon de vendre, etc. nous permet de redescendre sur terre. En un mot, de redevenir humble !
Cette humilité, pour peu qu'elle soit sincère, est appréciée par les collaborateurs car elle rend alors le dirigeant respectable. En effet, pour les collaborateurs, il devient plus "humain" et ses erreurs de direction lui sont donc plus facilement pardonnées ...
Encore une question, mais très pertinente.
Dans une entreprise très structurée et où chaque process est contrôlé, il n'y a finalement pas ou très peu de place à l'innovation et à la créativité. Certes les process sont optimisés, mais pour combien de temps ? Car le monde bouge à toute vitesse et les rapports que l'entreprise entretient avec le monde extérieur changent en permanence. Comment peut-on faire évoluer ces process et surtout les contrôles qui vont avec ? Si on considère l'image du patron omniscient tout va bien, mais cette créature n'existe quasiment pas ...
A l'opposé, si on se questionne sur la nécessité de telle procédure, sur la pertinence de tel contrôle ou sur l'efficacité de tel procédé, on contribue nécessairement à l'améliorer. D'autant que si plusieurs collaborateurs sont missionnés pour s'interroger sur ces points, il va se développer un véritable esprit d'équipe. Seule une équipe peut en effet réussir.
L'image est peut-être un peu légère, mais si on se souvient de la conquête spatiale des années 60, retracée par le film "L'étoffe des héros", on a le parfait exemple d'un travail d'équipe où la hiérarchie a finalement permis aux "collaborateurs" de se questionner sur le projet (en impliquant les futurs astronautes dans la définition de la capsule de vol). On connaît le succès de l'opération ...
Il semble alors naturel de penser que c'est la richesse apportée par l'ensemble des collaborateurs de l'entreprise qui va permettre à cette dernière de croître, surtout si ceux-ci sont sollicités pour répondre aux questions posées par leur dirigeant sur le développement de l'entreprise ...
Pour conclure, je dirais que le fait, pour un chef d'entreprise, de poser des questions plutôt que d'y répondre a ceci de salutaire que cela va créer de la cohésion au sein de ses équipes. Il reste quand même que le rôle du dirigeant, sera de trancher entre les différentes options proposées comme réponses aux questions posées.
Et vous, pensez-vous que le dirigeant d'une entreprise doive devenir le Chief Questions Asker ?
Pour aller plus loin :
L'image du chef d'entreprise est celle d'une personne omnisciente et douée d'une très grande agilité d'esprit qui lui donne la capacité de répondre aux questions les plus complexes en un temps record.
Mais, j'ai lu récemment un article écrit par Vineet Nayar qui se trouve être le CEO de la société HCL Technologies, société qu'il a littéralement transformée en l'espace de 5 ans. Vineet Nayar a appliqué dans sa société une philosophie qu'il résume lui-même en disant que le CEO doit surtout être le Chief Question Asker ...
Pour celles et ceux qui veulent se familiariser avec la philosophie développée par Vineet Nayar, lire : Les employés d'abord, les clients ensuite : Comment renverser les règles du management
Et s'il avait raison ? Et si le fait que le dirigeant d'une entreprise devait être celui qui pose le plus de questions ?
1) Les questions mènent au changement et à l'innovation
J'avais écrit un article en ce sens il y a quelques temps (voir "Comment innover grâce à 3 mots") qui posait le principe que toute démarche d'innovation commençait souvent par la question "comment pourrions-nous ... ?"Il est évident à mes yeux que le fait de questionner ses équipes et son encadrement intermédiaire sur des points même stratégique de l'entreprise peut permettre non seulement de recevoir des éléments de réponse pertinents, mais également d'impliquer davantage le personnel.
Prenons l'exemple d'une entreprise qui fabrique des pièces métalliques pour l'industrie. Pour des raisons stratégiques, elle décide de développer d'autres segments de clientèle. Il peut être très enrichissant de demander à l'ensemble du personnel de répondre à la question "Comment pourrions nous utiliser au mieux notre savoir-faire mais dans des secteurs plus ludiques ?" Une telle ré-orientation sera d'autant plus acceptée et comprise par les collaborateurs de l'entreprise qu'ils y auront effectivement participé. Si à l'inverse, une note de service indique que désormais, l'entreprise va fabriquer des toboggans pour enfants, je doute que le résultat soit perçu de la même manière ...
Par ailleurs, le fait de poser des questions appelle des réponses. Et souvent les réponses sont d'autant plus innovantes que les questions seront "choquantes". Ainsi, Vineet Nayar, dans ses 20 questions qu'il se pose à lui-même dit "Que se passerait-il dans mon entreprise s'il n'y avait pas de CEO ?". A première vue cette question amène une réponse rapide : "Ce serait le chaos !" ou "Cela ne marcherait pas car il n'y aurait plus personne pour décider des orientations stratégiques.", etc. Mais si on se pose réellement la question ... Peut-être qu'on arrive à des modes de gestion de l'entreprise innovants où chacun intervient dans le processus de décision en fonction de son niveau hiérarchique ? (NB : Loin de moi l'idée de faire l'apologie de la SCOP, mais la question posée plus haut amène sans doute d'autres réponses ...)
Il semble donc que le fait de poser des questions, pour le dirigeant, lui permette de trouver des réponses intéressantes et source d'innovations à tous les niveaux.
2) Les questions rendent humbles
Un second point qu'il ne faut pas négliger c'est que le meilleur des dirigeants ou le créateur le plus brillant n'est en définitif qu'un homme ou une femme.Mais la société dans laquelle nous sommes nous pousse à l'excellence et nous force à considérer ceux qui n'ont pas réussi comme des ratés (cela dépend des cultures et des pays, mais globalement, on considère quand même mieux ceux qui ont "réussi" dans la vie que les autres ...). En tant que personnes ayant réussi, on a alors une pression assez forte qui nous pousse à être toujours plus performant. Et l'image que la société colle à ces super dirigeants c'est celle de personnes qui peuvent répondre à tout. Ce sont en fait davantage des gourous que des chefs d'entreprise !
Le danger est que l'on y prenne goût ! Aussi, le fait de se mettre à poser des questions sur comment l'entreprise devrait fonctionner, comment devrait-on modifier notre façon de vendre, etc. nous permet de redescendre sur terre. En un mot, de redevenir humble !
Cette humilité, pour peu qu'elle soit sincère, est appréciée par les collaborateurs car elle rend alors le dirigeant respectable. En effet, pour les collaborateurs, il devient plus "humain" et ses erreurs de direction lui sont donc plus facilement pardonnées ...
3) Les questions permettent d'augmenter la création de valeur commune
Une des questions que Vineet Nayar se pose est la suivante : "Qu'est ce qui va nous permettre de croître plus rapidement : plus de contrôle ou plus de création de valeur ?".Encore une question, mais très pertinente.
Dans une entreprise très structurée et où chaque process est contrôlé, il n'y a finalement pas ou très peu de place à l'innovation et à la créativité. Certes les process sont optimisés, mais pour combien de temps ? Car le monde bouge à toute vitesse et les rapports que l'entreprise entretient avec le monde extérieur changent en permanence. Comment peut-on faire évoluer ces process et surtout les contrôles qui vont avec ? Si on considère l'image du patron omniscient tout va bien, mais cette créature n'existe quasiment pas ...
A l'opposé, si on se questionne sur la nécessité de telle procédure, sur la pertinence de tel contrôle ou sur l'efficacité de tel procédé, on contribue nécessairement à l'améliorer. D'autant que si plusieurs collaborateurs sont missionnés pour s'interroger sur ces points, il va se développer un véritable esprit d'équipe. Seule une équipe peut en effet réussir.
L'image est peut-être un peu légère, mais si on se souvient de la conquête spatiale des années 60, retracée par le film "L'étoffe des héros", on a le parfait exemple d'un travail d'équipe où la hiérarchie a finalement permis aux "collaborateurs" de se questionner sur le projet (en impliquant les futurs astronautes dans la définition de la capsule de vol). On connaît le succès de l'opération ...
Il semble alors naturel de penser que c'est la richesse apportée par l'ensemble des collaborateurs de l'entreprise qui va permettre à cette dernière de croître, surtout si ceux-ci sont sollicités pour répondre aux questions posées par leur dirigeant sur le développement de l'entreprise ...
Pour conclure, je dirais que le fait, pour un chef d'entreprise, de poser des questions plutôt que d'y répondre a ceci de salutaire que cela va créer de la cohésion au sein de ses équipes. Il reste quand même que le rôle du dirigeant, sera de trancher entre les différentes options proposées comme réponses aux questions posées.
Et vous, pensez-vous que le dirigeant d'une entreprise doive devenir le Chief Questions Asker ?
Pour aller plus loin :
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