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Par les temps qui courent, un grand nombre d’entreprises sont contraintes de procéder à des licenciements pour raison économique. C’est un type de licenciement qui a certains avantages par rapport à d’autres modes de rupture du contrat de travail, mais qui a également quelques contraintes.
Les récentes Lois pour la Sécurisation de l’Emploi (LSE) ont
ajouté à la lourdeur administrative, en obligeant l’entreprise à mettre systématiquement
dans la boucle la DIRECCTE mais fondamentalement, sa mise en œuvre est
inchangée.
Le but de cet article n’est pas de donner les détails de la
procédure à suivre car de nombreux sites spécialisés font cela très bien. Il
est en revanche nécessaire de donner quelques éléments pratiques que le gérant
d’une PME ou d’une TPE de devra pas oublier, sous peine de voir ce licenciement
requalifié en licenciement sans cause réelle et sérieuse, ou retardé dans son
exécution, avec toutes les conséquences économiques que cela peut avoir …
1/ Principes généraux
Il y a deux principes à comprendre et à appliquer
absolument.
Premièrement, un licenciement économique concerne des postes
et pas des personnes. En d’autres termes, pendant toute la procédure, on ne
parlera que de poste supprimé, et en aucun cas de personnes licenciées. Cela
relève de la plus grande hypocrisie car on sait bien que les postes en question
sont occupés par des personnes physiques. Mais ce qui compte, c’est de bien
comprendre que les difficultés économiques conduisent à modifier l’organisation
interne de l’entreprise et donc à supprimer des postes.
Ensuite, les difficultés économiques doivent être avérées et
pas supposées ou à venir. Je pense que le législateur considère qu’un
licenciement pour raison économique ne peut se faire en prévision d’une
situation qui va se dégrader car cela irait à l’encontre du rôle du chef d’entreprise
d’explorer d’autres voies s’il pressent que celle sur laquelle il se trouve ne
vas pas aboutir. Dit plus crûment, cela signifie que le chef d’entreprise ne
peut pas faire payer son incompétence ou son inaction à ses salariés …
On a donc ici un paradoxe assez pénible à gérer qui est qu’on
aimerait bien anticiper des départs, mais qu’on ne peut pas. On est obligé de
supprimer des postes lorsque tout va vraiment mal …
2/ Respecter les délais
Il y a des délais incompressibles à appliquer faute de quoi,
la procédure pourra être caduque.
Tout d’abord, bien qu’il n’y ait pas de jurisprudence
puisque le sujet est trop frais, il est fortement conseillé d’envoyer un courrier
à la DIRECCTE avant de convoquer les personnes concernées. Dans ce courrier,
vous rappelez les difficultés économiques dans lesquelles se trouve l’entreprise,
vous dites ensuite que cela vous conduit à envisager de supprimer certains
postes, vous décrivez enfin les reclassements possibles (et s’il n’y en a pas,
vous dites pourquoi).
Une fois ce courrier envoyé, vous pouvez convoquer les
personnes concernées. Attention : ce qui fait foi c’est la date de
première présentation du courrier, pas sa date d’envoi.
Comme le délai qui compte après cette date de première
présentation est de 5 jours ouvrés, comptez large et considérez que la Poste
mettra deux jours pour acheminer le courrier (qui devra être en recommandé avec
accusé de réception). Il vaut mieux compter 1 ou 2 jours de plus et ne pas être
mesquin, un salarié procédurier pourrait vous accuser ensuite de ne pas avoir
respecté la procédure …
Une fois l’entretien passé, la notification doit être faite
7 jours après, mais ce qui compte cette fois-ci est la date d’envoi du courrier
… Allez comprendre pourquoi … La date de notification est celle qui commande le
début du préavis.
Enfin, n’oubliez pas d’envoyer un courrier récapitulatif à
la DIRECCTE pour indiquer ce qui a été fait …
3/ Respectez les gens
Un licenciement économique étant par nature non personnel,
cela signifie que vous ne pouvez pas reprocher quoi que ce soit aux personnes
concernées.
Personnellement, je conseille de ne prendre personne en
traître. Ainsi, au moment d’envoyer le courrier à la DIRECCTE, convoquez l’ensemble
du personnel pour lui indiquer que la situation de l’entreprise est telle que
vous envisagez de devoir procéder à des licenciements économiques.
Au moins, lorsque les personnes concernées recevront leur
courrier, elles auront été prévenues.
Ensuite, hypocrisie du système aidant, tant que le
licenciement n’a pas été notifié, vous ne devez qu’utiliser un vocabulaire politiquement
correct indiquant que vous « envisagez » de supprimer des postes. C’est
le moment d’utiliser tout votre vocabulaire à base de « envisager », « éventuel »,
« possible », etc..
Concrètement, ne commencez pas à répartir le travail d’un
salarié « éventuellement » concerné tant que vous ne lui avez pas
notifié son départ …
Certains salariés souhaiteront être accompagnés pendant l’entretien
préalable. Cette possibilité d’être accompagné est la seule contrainte qui, si elle
n’est pas respectée, peut faire voler en éclat votre procédure et vous coûter
très cher. Il ne faut donc pas la négliger.
Personnellement, plutôt que d’indiquer dans votre courrier
de convocation l’endroit où le salarié peut trouver des conseillers de salarié,
joignez la liste émise par la préfecture. Le courrier sera un peu plus lourd,
mais on ne pourra pas vous reprocher d’avoir manqué à cette obligation.
De même, laissez un délai suffisamment long pour que le
salarié puisse vous dire s’il souhaite ou non être accompagné. Il est inutile
de mettre la pression sur ce point.
Pendant toute la période qui va de l’envoi de la convocation
jusqu’au départ du salarié, soyez disponible pour répondre à ses questions. Et
si vous avez peur de ne pas savoir répondre, prenez conseil auprès d’un avocat
spécialisé en droit social, auprès des conseils de prud’hommes, voire auprès de
la DIRECCTE …
4/ Respectez les procédures
J’ai parlé des délais et des envois de courrier à effectuer,
mais il n’y a pas que cela. Il faut également parler de tout ce qui est mis en
place pour « accompagner » le salarié licencié.
Le nouveau programme d’aide s’appelle le CSP (Contrat de Sécurisation
Professionnelle) qui remplace l’ancienne CRP. Vous devez présenter ce programme
lors de l’entretien préalable et faire signer au salarié le bordereau attestant
qu’il a bien pris connaissance des dispositions de ce contrat. Au préalable,
vous devrez l’avoir rempli, mais il n’est pas compliqué … Tous les documents à
remettre sont disponibles à partir de votre espace employeur sur le site de
Pôle Emploi.
Le licenciement économique concernant des postes et non pas
des personnes, si plusieurs salariés occupent un poste équivalent, il va
falloir choisir ceux qui partent et ceux qui restent. Pour cela, le législateur
a prévu des critères à respecter. En gros, vous devez favoriser les salariés
les plus faibles, ceux qui ont une situation familiale la plus fragile et ceux
qui auront le plus de difficulté à retrouver un emploi. Vous pouvez également
ajouter un critère plus subjectif qui est l’efficacité du salarié ou sa compétence.
Personnellement, je procède comme suit :
- un critère sur l’existence ou non d’un handicap ou non (handicap = 1, pas de handicap = 0)
- un critère sur l’âge (de 20 à 30 ans = 1, de 30 à 40 ans = 2, etc, et évidemment modulable en fonction de la pyramide des âges de l’entreprise)
- un critère sur l’ancienneté (même principe que pour l’âge)
- un critère sur la situation de famille (1 point par enfant à charge)
- un critère sur l’efficacité (0 = nul à 5 = irremplaçable)
Ensuite, je pondère ces critères selon la nouvelle
organisation d’entreprise requise. On pourra en effet vouloir favoriser les
plus efficaces, dans ce cas, on affectera à la note obtenue pour l’efficacité
un coefficient 2, tandis que les autres critères n’auront qu’un coefficient 1.
Généralement, les critères choisis ne sont pas contestés ni
contestables, ce qui peut l’être c’est leur absence …
Les licenciements économiques ont cet avantage qu’ils
concernent des postes et que leur mise en place est nécessaire du fait des
difficultés rencontrées par l’entreprise. Cela permet au chef d’entreprise de
communiquer en ce sens à ses salariés, tout en prenant du recul par rapport aux
personnes qui seront concernées.
Pour autant, leur mise en œuvre nécessite de respecter un
protocole précis, faute de quoi, ils pourront être requalifiés en licenciements
sans cause réelle et sérieuse ou donner droit à des indemnités importantes pour
les salariés concernés, ce qui ne fera qu’accroître les difficultés de l’entreprise.
Et vous, avez-vous déjà procédé à des licenciements
économiques ?
Si vous avez besoin d’aide sur ces sujets, n’hésitez pas à
me rendre visite sur http://www.so-creativeconsulting.com
Pour aller plus loin :
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