lundi 21 avril 2014

Echouer n’est pas gagner !



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Depuis quelques temps, on assiste à une véritable floraison d’associations venant en aide aux entrepreneurs ayant échoué dans leur entreprise. C’est en soi une bonne chose car cela permet d’aider concrètement ces entrepreneurs à reprendre confiance en eux et, accessoirement, à rebondir soit pour retrouver une activité salariée, soit pour démarrer un autre projet.



En revanche, ce qui me trouble davantage est cette initiative nommée FailCon et dont la première édition a vu le jour le 17 avril dernier à Bercy. En effet, si je pense que les organisateurs ont voulu montrer à la face du monde entrepreneurial que l’échec ne devait pas être la fin, mais seulement une étape possible, ce qui est une démarche parfaitement louable et respectable, je note cependant trois aspects qui me semblent moins sympathiques :
  • on ne doit pas se tromper de débat : si l’échec est une option, ce ne doit pas pour autant être considéré comme quelque chose de bien
  • la focalisation sur les entreprises du numérique
  • l’absence d’éléments concrets permettant aux entrepreneurs ayant échoué de vraiment rebondir

Garder le focus

Les résumés qu’on a pu voir fleurir sur les réseaux sociaux peuvent être mal interprétés : on peut en effet penser que planter sa boîte est quelque chose de cool, en tout cas pas grave du tout car c’est normal d’échouer.

Evidemment, on comprend bien qu’en réalité ce discours s’adresse aux entrepreneurs venant de se planter ou à des entrepreneurs qui hésitent à se lancer par peur de l’échec, mais faisons attention à ne pas se tromper de débat : échouer a souvent des conséquences désastreuses pour l’entrepreneur qui peut se retrouver du jour au lendemain sans maison, sans revenus et sans conjoint, en application de la célèbre trilogie des 3 D : Dépôt de bilan, Dépression, Divorce …

Donc, ne nous méprenons pas, se planter n’est pas une bonne chose. Ce qui importe c’est, comme le citait une personne présente à la FailCon « You shouldn't celebrate failure but embrace success and learn from failure ».

Ne célébrons pas l’échec comme une chose cool, mais pensons à réussir et à apprendre de nos échecs !

Il n’y a pas que des entreprises du numérique en France

Personnellement, j’ai planté une boîte que j’avais reprise et qui n’était pas dans le domaine du numérique. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire les statistiques publiées chaque trimestre, pour constater que les entreprises qui vont en Liquidation Judiciaire concernent un grand nombre d’entreprise du secteur « brick and mortar ».

Or, dans ces entreprises où on fabrique des produits, les engagements financiers du dirigeant sont souvent sans commune mesure avec ceux d’un créateur de startup. Je me souviens en effet d’une discussion avec un jeune entrepreneur qui venait de subir une Liquidation Judiciaire pour sa startup et il me disait qu’il avait perdu beaucoup car il devait payer 15 k€ à sa banque au titre de caution. Lorsque je lui ai dit que dans mon cas, c’étaient 250 k€ que je devais, il a blêmi ! Et pour cause …

J’aimerais donc que la prochaine édition de la FailCon ne considère pas que les échecs entrepreneuriaux des startups, mais bien de toutes les entreprises. Comme je suis résolument optimiste je veux croire que cela sera le cas car les associations d’aide aux entrepreneurs ayant échoué (60 000 rebonds, Second Souffle, etc.) sont généralement pour les entreprises des secteurs plus traditionnels.

Que l’état agisse enfin

Etant un ardent défenseur de la suppression de la cotation du dirigeant créée par la Banque de France, j’ai été ravi de voir que le code 040 avait été supprimé.

Or le 040 ne concerne que les entrepreneurs ayant subi une Liquidation Judiciaire. Mais pourquoi avoir oublié les 050 et 060 qui concernent des entrepreneurs ayant subi 2 ou 3 LJ ? Encore une fois, je pense que cela est dû à cette focalisation extrême sur les entreprises du numérique. En effet, dans le secteur du « brick and mortar », il n’est pas rare qu’on dirige plusieurs entreprises, car la croissance externe est souvent un moyen de grandir. Seulement, lorsque les choses commencent à aller mal, c’est tout l’édifice qui s’écroule et on perd non pas une mais plusieurs entreprises, ce qui a pour conséquence de recevoir une cotation catastrophique pour la suite : imaginez les rapports avec les banques pour un dirigeant d’entreprise qui vient de passer 060 car 3 de ses entreprises ont été liquidées …

Je ne comprends donc pas pourquoi le gouvernement s’est arrêté en si bon chemin ; soit on supprime cet indicateur stupide une fois pour toutes, soit on laisse tout : on ne se contente pas de faire un peu de ménage …



Pour en revenir au sujet initial, il est heureux que notre pays commence à prendre conscience du fait qu’échouer est une possibilité et que cela fait même partie du processus d’apprentissage (n’en déplaise à notre système élitiste qui considère que la réussite est la seule valeur qui compte). Comme le disait Oussama Ammar de The Family dans une de ses interventions, dans la mentalité anglo-saxonne, il suffit d’un succès pour que tous les échecs passés soient oubliés.
Mais encore faut-il que nos systèmes bancaire, administratif et judiciaire évoluent sérieusement pour que les entrepreneurs victimes d’un faux pas  puissent avoir le droit de continuer et de repartir !


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Si vous avez besoin de conseils pratiques pour limiter les risques d’échecs de votre entreprise, contactez-moi sur http://www.so-creativeconsulting.com pour que nous puissions ensemble établir un diagnostic de votre situation et mettre en place les actions nécessaires.



Pour aller plus loin :

           

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