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Aussi bien lors de discussions courantes avec des banquiers que dans le traitement de litiges avec ces derniers, j’ai toujours été étonné de voir à quel point ils ne connaissaient pas le monde de l’entreprise. Et pourtant je parle ici de ces banquiers sensés accompagner les PME, pas des chargés de clientèles devant s’occuper des comptes des particuliers.
Le premier constat qu’on peut d’ailleurs faire est que dans la plupart des banques, les personnes en relation directe avec les chefs d’entreprise n’ont quasiment plus de pouvoir. Tout doit systématiquement remonter dans les directions généralement situées dans les sièges régionaux. Et c’est d’ailleurs tout le problème car si les chargés de clientèle ont un ressenti terrain assez fort (ce qui n’équivaut pas pour autant à la connaissance du fonctionnement d’une entreprise), les décideurs sont totalement coupés de la réalité économique …
Ensuite, on note souvent que les chargés de clientèle changent souvent. C’est sans doute dû à deux phénomènes : tout d’abord, la volonté de la part des directions de les faire évoluer, leur proposant des postes plus importants. Mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a également une volonté d’éviter que de trop fortes relations personnelles entre les banquiers de terrain et leur client se créent. La conséquence est qu’il faut régulièrement recommencer à tout expliquer …
Et puis, on peut se demander si la forme ne prime pas souvent sur le fond. Sans parler de preuves absolue, mon expérience m’a montré qu’un beau Business Plan, avec des chiffres encourageants et des objectifs ambitieux pouvaient permettre d’obtenir pas mal de choses, alors que finalement, tout chef d’entreprise sait qu’on met les informations qu’on veut dans un Business Plan et que moyennant un peu de réflexion et l’aide avisée d’un expert-comptable, on peut rendre tous les chiffres parfaitement cohérents entre eux.
Ce qui est inquiétant en vérité est que l’impression qui se dégage des différentes réunions qu’on peut avoir avec ses banquiers est que plus on monte dans la hiérarchie, moins on a des interlocuteurs connaissant le fonctionnement réel d’une entreprise. Je me souviens par exemple d’un directeur des risques d’une banque nationale qui, après avoir pris connaissance du plan de trésorerie de l’entreprise, me demanda à quoi correspondaient les prélèvements en milieu et en cours de mois. Lorsque je lui ai répondu qu’il s’agissait des prélèvements de l’URSSAF et de la TVA, je pense qu’il a découvert quelque chose ce jour-là …
Le vrai danger de cette situation, qui pourrait prêter à sourire, est que beaucoup d’entreprises sont potentiellement en danger car leurs concours peuvent être dénoncés subitement sans aucune autre justification qu’une décision d’un directeur des risques, ou un crédit refusé parce que malgré le travail du chargé de clientèle de packaging et de présentation, le comité n’a pas compris tel point du bilan …
Car le problème est sans doute là : voulant à tout prix chercher la rentabilité, les banques d’aujourd’hui ne font plus l’effort de s’intéresser aux entreprises qu’elles sont supposées soutenir et accompagner. Elles ne font plus l’effort d’une part parce que cela demande un travail important de compréhension et d’autre part parce que les personnels des banques ne sont pas formés à l’économie réelle.
On se retrouve donc dans la situation où les banques qui sont supposées soutenir l’économie réelle s’en détournent et sont ensuite surprises lorsque lesdites entreprises disparaissent, faute de soutien. Surprises, ou plutôt confortées dans leur certitude que les chefs d’entreprises ne savent pas gérer leur société correctement …
Pour résumer, je dirais donc qu’aujourd’hui, les banques ne connaissent plus l’entreprise, voire ne veulent plus les connaître. Ce faisant, un problème de confiance existe entre ces deux mondes et chacun croit que l’autre essaie de le rouler dans la farine. En oubliant un point essentiel : sans les entreprises, les banques n’existent pas !
Et vous, pensez-vous que les banques connaissent votre entreprise ?
Pour aller plus loin :
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